Synopsis
Un royaume, dans un monde différent du nôtre, à une autre époque…
Le roi Dari se meurt.
Léon, jeune journaliste, est chargé d’écrire sa nécrologie en récoltant le plus d’informations possibles sur sa vie. Il fait ainsi la connaissance de la vieille Sacha, un témoin pas tout à fait ordinaire. Au fil de leur entrevue, Sacha va amener Léon à s’interroger sur tout ce qu’il pensait connaître du grand roi Dari, aimé et respecté de tout le royaume. Etait-il si courageux qu’on le disait ? Etait-il un roi si puissant ? Le prince qui délivre la belle princesse est-il toujours le héros de l’histoire ?
Note d’intention
“Dari, pourquoi tu risques ta vie ? C’est parce que les autres le veulent. Tu as vu leurs yeux pleins d’espoirs, leur admiration, et ça t’as fait plaisir. Tu t’es dis que tu ne pouvais pas les décevoir. Ils t’ont convaincu. Et en bon petit soldat, tu as cru que l’idée venait de toi et tu t’es laissé séduire. Ils ont créé leur petit héros en kit, sur mesure…”
Baba Yaga
La société dans laquelle nous vivons est un point de repère. Chacun de nous y tient une place particulière. Je suis de tel milieu, de tel sexe, de telle famille… Nous sommes tous conditionnés par le lieux ou nous grandissons, par le regard de ceux qui nous entourent, la manière dont les autres nous considèrent. C’est ce modèle de société qu’encouragent le pouvoir, les médias : l’apparence, le paraître, prime sur l’être. Chacun doit pouvoir se situer dans la pyramide. Et chacun, par son regard sur les autres, crée le
rôle de chacun dans la pyramide. De là peuvent naître racisme / sexisme, starification : ceux qui sont en bas regardent ceux d’en haut, de bas ; ceux d’en haut regardent ceux d’en bas, de haut…
“Le prince à la main d’or” est un conte merveilleux. J’en fais une première lecture, seule chez moi : on se croirait dans un film de Miyazaki. Une princesse capturée par un ouragan amoureux. Un prince qui parcourt le monde pour la sauver… Ça me fait penser à une poupée russe. D’abord il y a la face extérieure de la poupée, brillante, lisse, sans bavure. Un grand méchant, un grand gentil, une belle princesse. Mais si j’ouvre la poupée, je vois autre chose : le grand méchant cache une grande souffrance qui le pousse à tomber
amoureux, à tenter de se sauver de sa condition de monstre ; le héros est poussé par les autres et n’a pas forcément les convictions qu’on lui prête…
Je veux mettre en avant le gouffre entre ce qui est perçu de l’extérieur par les “spectateurs” de l’action, et ce qui se passe réellement dans l’intériorité de chaque personnage. Nous en faisons un parallèle entre deux univers : celui du conte “le prince à
la main d’or”, et celui, plus terre à terre des médias qui manipulent l’opinion publique. La société a besoin de ses héros, car nous avons besoin de rêver pour vivre. Nous créons nos propres héros : nos “stars”. A quel point l’admiration nous conduit elle a échapper à la
réalité ? L’admiration que nous avons pour d’autres, comme l’admiration que nous voulons que les autres nous portent. Dans « le prince à la main d’or », chacun des personnages est poussé par le regard des autres à entreprendre ce qu’on attends de lui : Dari, le prince, qui part à l’aventure à cause de toute la pression médiatique, Vikher, l’ouragan, qu’on a stigmatisé dés la naissance… Et chez chacun des personnages, cela crée le doute : comment peut-on faire pour être égal à nous même tout en ne décevant pas ceux qui croient en nous ? Comment le regard que les autres portent sur nous peut-il conditionner notre vie, nos choix ?
Brunelle Lemonnier, 07/08/2018